Dans un petit patelin en banlieue de la capitale vietnamienne, le lancer de cerfs-volants s’inscrit dans les mœurs. Autour de ce jeu traditionnel se dégage le souhait des paysans d’avoir un temps favorable aux cultures et des moissons abondantes.

 

 

Les habitants du village de Ba Duong Nôi, commune de Hông Hà, district de Dan Phuong, à Hanoi, connaissent les cerfs-volants sur le bout des doigts.

Passionnés du haut vol dès leur tendre enfance, les garçons de 7 ans savent déjà fabriquer les cerfs-volants en collant du papier à écrire traditionnel (giây ban) sur une armature de bambou et en y attachant des flûtes en bambou. Ces instruments produisent des sons qui rappellent ceux des sifflets, des gongs. Le vent soufflant à travers l’embouchure peut engendrer différentes gammes.

Les pieds sur la digue longeant le fleuve Nhi Hà, et la tête dans les nuages, parents et bambins contemplent, le sourire aux lèvres, la splendeur des cerfs-volants. “Quand je suis fatigué de mes occupations quotidiennes, je sors avec mon cerf-volant sur la digue au bord du fleuve Nhi Hà”, raconte Nguyên Van Cuong, amateur de cerf-volant de 30 ans. “En voyant l’engin voler, je retrouve ma sérénité. Ces moments agréables ont fait que je me suis épris de ce jeu”.

Jeux de jonglage et loisirs de plein air, le lancer de cerf-volant est aussi un art. Le cerf-voliste expérimenté peut diriger son engin pour qu’il s’élève haut et longtemps dans les cieux. Par une belle nuit d’été, un cerf-volant de forme de concave voguant dans le ciel rappelle l’image d’un croissant de lune.

Au gré d’un vent élevé bien au-dessus des rizières, derrière les formes les plus diverses des cerfs-volants, chacun exprime le souhait d’avoir du beau temps et de bonnes récoltes. D’après les paysans locaux, le cerf-volant unit la terre au ciel, symbolise l’harmonie entre le yin et le yang, mais également la chance. Selon la coutume, plus le cerf-volant s’élève haut, plus la moisson sera abondante. Par ailleurs, les sons émis par les flûtes permettent de conjurer les esprits malfaisants et de chasser les épidémies.

Ces concepts se retrouvent dans la fête traditionnelle de cerfs-volants qui a lieu tous les ans au 15e jour du 3e mois lunaire, réunissant nombre d’amateurs. Le 3e mois lunaire correspond au début de l’été, où le vent est souvent au rendez-vous. Il marque aussi l’intervalle entre 2 récoltes, au cours de laquelle les paysans peuvent délaisser leurs occupations habituelles pour aller à la découverte de ce monde céleste.

Dans ce village, les techniques de construction des cerfs-volants sont transmises de père en fils, de même que les récits relatifs à ce jeu traditionnel.

À la recherche des fées dans les cieux

Selon les anciens, leur village accueillit autrefois les fées lors de leur promenade sur la terre. Mais avec le temps, le ciel s’éloigna de la terre. La visite des fées se fit de plus en plus rare puis elles ne revinrent plus jamais. En se rappelant à ces bons souvenirs, les villageois fabriquèrent des cerfs-volants dotés de flûtes et les envoyèrent dans le ciel dans l’espoir de retrouver les fées…

Une autres légende veut qu’un enfant du village, le général Nguyên Ca, revint dans son pays natal après avoir aidé le roi Dinh Tiên Hoàng (924-979) à mettre fin à l’anarchie des 12 seigneurs de guerre. Là, il apprit aux villageois à exploiter les terres en friche. C’est lui, dit-on, qui initia les paysans à la fabrication et au lancer de cerfs-volants.

Portant une chaîne de flûtes, le cerf-volant du village de Ba Duong Nôi est plus grande que les engins fabriqués ailleurs. Les villageois ont conçu lors de la dernière fête traditionnelle de cerfs-volants, au 3e mois lunaire de cette année du Buffle, un engin record doté de 5 flûtes ayant une envergure de 6,2 m, pour une largeur de 2,7 m.

“Le cerf-volant du village Ba Duong Nôi d’aujourd’hui a conservé sa forme originale. Il est doté d’ailes, mais ne dispose pas de queue”, informe le cerf-voliste Nguyên Van Mai, fort de ses 50 ans d’expérience dans ce jeu.

“Seuls les matériaux de construction ont évolué. Par exemple, le fil de nylon ou de ramie a remplacé la corde en lamelles de bambou, allégeant ainsi le poids de l’engin, qui peut s’élever dans les airs plus facilement”, explique notre spécialiste.

Les villageois de Ba Duong Nôi ont créé leur club de cerfs-volants traditionnels “pour conserver l’héritage culturel du pays”, selon les dires du président du club, Nguyên Huu Khiêm. L’an prochain, la fête traditionnelle de lancer de cerfs-volants se déroulera avec 1.000 exemplaires fabriqués par les enfants du village de Ba Duong Nôi et de la commune de Hông Hà. Ces cerfs-volants défileront dans le ciel pour des ballets aériens accompagnés de beaux airs musicaux en hommage du Millénaire de Thang Long-Hanoi.

 

Source: Lecourrier.vnanet.vn

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Tommy Ngo

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