Une soixantaine de Hanoiens de tout âge, collecteurs de vélos anciens, se réunissent depuis trois ans dans un club pour vivre ensemble la passion de la “petite reine”.

 

 

 

Souvent pendant les week-ends, on aperçoit un groupe de plusieurs dizaines de personnes en train de pédaler parmi le flot immense de motos dans les rues de Hanoi. Leurs bicyclettes aux styles et formes originaux attirent les regards. Bienvenue club de collectionneurs de vélos anciens de Hanoi.

Fondé il y a trois ans, le club organise des rencontres et des randonnées pour ses 60 membres, dont son cofondateur Nguyên Van Tuân. Pâtissier de profession, Tuân est surnommé le “ferrailleur” car il ramasse toutes sortes d’objets métalliques usagés. Dans sa petite maison située dans une ruelle au N°6, rue Nguyên Truong Tô, on peut voir sept vélos anciens cohabiter avec les cinq membres qui composent sa famille.

La passion de Tuân pour les vélos anciens a pris forme dès son enfance. Issu d’une famille pauvre de sept enfants, Tuân se souvient qu’il n’y avait qu’un seul vélo pour tout le foyer, considéré comme le bien le plus important de la famille. Seuls les parents de Tuân avaient le droit de l’utiliser pour aller au travail. De ce passé difficile, le désir d’acquérir des vélos n’a jamais quitté Tuân. Puis avec le temps, quand son niveau de vie s’est amélioré, Tuân a pu enfin concrétiser son vœu le plus cher. “C’est aussi une façon de conserver les souvenirs du passé”, dit cet homme.

Tuân aime collectionner les anciennes bicyclettes françaises car “elles sont légères et portent des caractères esthétiques de haute valeur”, explique-t-il. Se procurer des vélos importés au Vietnam et de plus de 50 ans n’est pas une chose évidente. Car ces engins ont été depuis longtemps jetés dans un coin ou vendus aux ferrailleurs. En cherchant ces vélos rares, Tuân observe tous les coins qu’il traverse. Une fois, il est allé à l’hôpital Saint-Paul pour se rendre au chevet d’un proche malade. Il y a vu par hasard un ancien vélo dont la selle semblait bien se marier avec le vélo qu’il avait à la maison. Tuân, en partant à la chasse aux renseignements, a appris que le propriétaire de ce vélo habitait rue Hàng Trông. Le collectionneur est venu le voir une première fois, en vain, puisqu’il était hors de question que son propriétaire s’en sépare. Souvent, ces anciens objets sont conservés comme des souvenirs très chers des familles. Tuân, à force de persévérance, a finalement réussi à convaincre le propriétaire de le lui léguer.

Les vélos anciens français ont été fabriqués par de nombreux constructeurs comme Marila, Follis, Joang Foenix, Sterling, Mercier, Peugeot… La plupart de leurs accessoires ne sont, bien entendu, pas d’origine. Fort de ses plus de dix ans d’expériences de “chasse”, Tuân fait savoir que les vélos qu’il a collectionnés n’ont gardés que 20% à 30% de leurs éléments originaux. Tuân doit continuer à chercher les autres accessoires (guidon, freins, porte-bagages, selle, timbre…) pour refaire un vélo tel qu’il était à l’origine. Une recherche qui coûte au collectionneur beaucoup de temps, d’argent mais également de sueur. Ainsi, chaque vélo est remplit de ses souvenirs, décuplant, à ses yeux, sa valeur.

Sur les rails du rétro

En 2007, Tuân a rassemblé les personnes partageant la même passion que lui. Au début, le groupe ne comptait que cinq membres. Chaque week-end, ces passionnés se réunissaient la route Thanh Niên puis faisaient un tour dans la ville sur leur vélo favori. Aujourd’hui le groupe compte déjà une soixantaine de membres. Le doyen est Nguyên Danh Diên, 89 ans, qui se fait remarquer par l’ensemble de coureur professionnel qu’il revêt à chacune de ses sorties à bicyclette : casque, lunettes, maillot et cuissard. Une habitude qu’il a gardée du temps où il était un coureur expérimenté à l’époque de la colonisation française.

Un autre fondateur du club, Vu Ta Hùng, qui possède une quarantaine de vélos anciens, est vu comme étant “le plus riche collectionneur de la capitale”. Sa collection réunit toutes les grandes marques françaises connues comme Peugeot, Aviac, Marila, Follis, Sterling, Mercier, Joang Foenix… Le Peugeot portant la plaque DH 360e par exemple, a été utilisé dès 1927. On peut également remarquer un Aviac daté de 1937. Certains vélos de ce “riche collectionneur” ont été estimés chacun à plus de 100 millions de dôngs, mais le patron ne souhaite s’en séparer à aucun prix.

D’après le chef du groupe des collectionneurs, Nguyên Hop Ngoc, 75 ans, les vélos sont étroitement liés à une époque mouvementée de Hanoi : les vélos fabriqués en France arrivèrent pour la première fois au Vietnam au début du siècle dernier . Légers et élégants, ces moyens de transport ont vite conquis le coeur de la classe moyenne des grandes villes comme Hanoi ou Sài Gon. À cette époque, un vélo était un bien précieux. Pendant les années de guerre, les vélos accompagnaient les soldats, sur tous les chemins du pays. “L’image des vélos est gravée dans le cœur et l’esprit de tous”, estime Nguyên Hop Ngoc.

Aujourd’hui, ce septuagénaire n’a pas changé ses habitudes et enfourche quotidiennement sa bicyclette. Il n’a recours à la moto que lorsqu’il se rend hors de la capitale. D’après lui, le vélo est parfaitement adapté aux infrastructures routières de Hanoi. D’ailleurs, le vélo est un moyen de transport écologique et permet d’améliorer la santé de l’usager.

À l’occasion du Millénaire de Thang Long Hanoi, les passionnés pour ces vélos anciens réalisent plusieurs parcours dans la capitale pour transmettre un message au public : “Faites tout ce que vous pouvez pour que la capitale Hanoi devienne de plus en plus verte, propre et belle”.

 

Source: Lecourrier.vnanet.vn

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Tommy Ngo

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