Peu connu, l’art martial de la flûte existe pourtant depuis fort longtemps dans la région de Yên Thê, au nord-ouest de la province de Bac Giang (Nord).

 

 

Sous le règne de la dynastie des Lê postérieurs (1428 – 1527), à travers le livre de géographie du Vietnam “Du Dia Chi”, Nguyên Trai, célébrité culturelle mondiale, a fait l’éloge de cette terre des arts martiaux.

 

C’est ici qu’à la fin du XIXe siècle-début du XXe siècle, le «héros paysan» Hoàng Hoa Tham se souleva contre l’autorité coloniale française. Et c’est sur cette terre qu’est né l’art martial de la flûte.

 

La flûte, cet instrument distingué, a été transformé par les insurgés de Yên Thê en une arme redoutable, qu’ils ont largement utilisé contre l’ennemi. Dans leurs mains, la flûte de fer est à la fois une arme et un instrument pour avertir de l’arrivée de l’ennemi.

 

En 1990, une équipe de la province de Bac Giang a collecté tous les types de coups de cet art martial. Au coeur du pays natal du soulèvement indigène, dans le hameau de Rung Phe, comune de Tam Diên, district de Yên Thê, les chercheurs ont rencontré Triêu Quôc Uy, de l’ethnie Tày, un des derniers dépositaires de cet art, qu’il a appris auprès de son oncle, le maître d’art martial Chân Doàn, un insurgé bien connu.

 

Selon Triêu Quôc Uy, l’art martial de la flûte fut d’abord appelé «la flûte en fer-un vent du génie», ce qui signifie la flûte de fer a la force du vent du génie avec des mélodies magiques. Puis, il a été rebaptisé «Au clair de lune de Phôn Xuong», site associé à la résistance des insurgés de Yên Thê. 

 

Ces derniers, réunis autour du “chef à la chemise indigo” Hoàng Hoa Tham (1846-1923), avaient comme armes, outre des fusils et des explosifs, une grande variété d’armes traditionnelles telles que arcs, piques… mais aussi des instruments de musique, des stylos, des pièces d’échecs chinois, des bande de soie, des épingles à cheveux… Et bien sûr la flûte de fer.

 

À Bac Giang, le maître Trinh Nhu Quân, 59 ans, disciple de Triêu Quôc Uy, asssure la continuité de cet art. Il a développé et élevé cet art martial au niveau de la perfection. Il a une maîtrise approfondie à la fois des arts martial et musical. Il a informé que la flûte de fer des insurgés de Yên Thê d’antan faisait environ 65 cm – 70 cm de long, pesait 0,4 kg, et pouvait être utilisée pour attaquer, parer, piquer… Normalement, la flûte de fer est utilisée comme instrument de musique, mais lors des événements inattendus, elle devenait une arme.

 

Trinh Nhu Quân a aussi fabriqué des flûtes de fer spéciales, d’une taille et d’un poids plus importants. Par exemple, la flûte “Tiêu Tuong”, 1,6 m de long, et 4 kg; la flûte “Paradis”, 3,5 kg. La flûte “Dragon en forme de ver de terre”, de plus de 2 m de long et d’un poids de 5kg. Elle produit des sons standards et peut être jouée dans un orchestre moderne.

 

En 1993, l’art martial de la flûte a été officiellement inscrit dans le “Manuel des arts martiaux nationalux”. En juin 2008, le film documentaire “L’art martial de la flûte de Yên Thê”, qui montrait le maître Trinh Nhu Quân et ses élèves, a obtenu le 2e prix du 4 e Festival international du cinéma et de la télévision des sports FICT Vietnam.

 

Consacrant sa vie à l’art martial de la flûte depuis tant d’années, il est aimé de tous les gens qui l’ont surnommé la “Flûte magique du Kinh Bac”. Il a enseigné cette discipline traditionnelle à plusieurs générations d’élèves du pays natal du héros Hoàng Hoa Tham.

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Tommy Ngo

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